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Départs de Jean d’Ormesson et de Johnny Halliday
Places des grands hommes !
« On s’était donné rendez-vous dans 10 ans sur les marches de la place des grands hommes…On verra quand on aura 30 ans si on est d’venus des grands hommes. »
Ce que chante Patrick Bruel a des relents de jeunesse, des propos d’ado qui imaginent leur avenir. En revenant sur les départs de Jean d’Ormesson et de Johnny Halliday, nous revenons nous-mêmes sur nos vies d’ado et sur nos vies d’hommes et de femmes, des souvenirs et des projections dans le temps.
C’est un peu la réussite du Rat des villes et du Rat des champs. Une jeunesse dorée, entourée, formée, accompagnée et une autre ballottée, cabossée, bourlinguée ! Mais au terme une reconnaissance nationale et un émoi unanime. Et de plus, une certaine identification personnelle du peuple !
Je me suis demandé, à la manière de Bern et ses leçons d’histoire télévisées, si notre histoire n’était faite que de grands hommes reconnus, portés aux nues et aux écrans ! Notre « roman national » comme certains aiment à le dire n’appartient-il qu’aux grands hommes, qu’à ceux qui agrègent autour d’eux sympathie, adulation, reconnaissance et il faut aussi le dire, marketing et cabotinage ?
Je me suis demandé pourquoi cette adhésion tout en reconnaissant que l’un, mal aimé, divorcé à plusieurs reprises, addict à la gitane et à l’alcool mais bête de scène, récapitulait finalement toutes nos gueules de bois humaines, nos faiblesses et nos vulnérabilités. Quant à l’autre, il nous réconciliait avec le charme, le bon goût bourgeois à la française comme le bon cru avec le regard bleu azur et la plume exquise dans un monde souvent blafard.
On pourrait en rester à la chronique sans omettre le talent de l’un et de l’autre. On pourrait y voir aussi l’unité des petits et des grands, des midinettes comme des bobos autour d’une absence mais aussi d’un souci de transcendance populaire. Les hommages et les reconnaissances de l’homme de lettres parmi les Immortels de l’Académie et du chanteur qu’on voulait et croyait immortel comme invincible, ont quelque chose de sacral et de cérémonial pour la population. On ne peut le nier et on ne peut, non plus, l’oublier. L’homme cherche à dépasser l’homme dans sa condition. Les romantiques disaient que c’était un ange tombé ou déchu qui se souvenait des cieux. Je regarde les petits, les sans voix et sans écrits, ceux qui sont absents des scènes et des écrans et je scrute avec foi et force d’âme, leur beauté, leur grandeur, leur dignité afin de communier à cette humanité en nous donnée.
« Qu’est-ce que l’homme, Seigneur, que tu as fait un peu moindre qu’un dieu » Ps.8 et qui aspire toujours à aller sur LA PLACE DES GRANDS HOMMES ?
P. PHILIPPE HUE sm Paroisse de Gérardmer 88400